Comment appelle-t-on les habitants du Saguenay ?

Nous habitons une île: le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Une drôle d’île, on doit en convenir. Une étendue d’eau entourée de terre et de montagnes, au beau milieu d’un océan d’épinettes. Un pays dans le pays, qui a tous les attributs de l’insularité.

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Pourquoi est-ce qu’on appelle les habitants du Saguenay les « Bleuets » ?

On qualifie affectueusement de « Bleuets », ces hommes et ces femmes qui ont le verbe haut et le geste généreux. Voilà déjà un premier trait distinctif puisque cette identification à un produit de la terre est plus qu’inhabituelle. Il y a plusieurs années, alors que j’avais produit un reportage sur la culture des bleuets au Lac-Saint-Jean pour le magazine agricole international de la compagnie d’équipement agricole John Deere, les éditeurs ont été extrêmement intrigués par le fait que les gens d’ici s’identifient à un fruit : le bleuet. « Cela nous semble un cas unique que nous n’avons jamais observé ailleurs, » m’ont-ils souligné en me demandant de développer cet aspect.

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De nombreux auteurs, journalistes, historiens, sociologues et autres ont abordé la question de l’identité régionale en superficie ou en profondeur. Pour certains, cette distinction est illusoire, prétentieuse et menaçante. Pour d’autres, elle représente le fondement d’une culture régionale authentique. Dans ce démêlé, l’historienne et polémiste Russel-Aurore Bouchard pose un regard incisif en clamant que les Bleuets perçoivent leur région « […] comme un pays, dans le sens le plus pur du terme ; un pays marqué d’originalité et caractérisé par une manière de vivre qui se distingue positivement de celle de la province et, de manière encore plus significative, de celle du Canada.

En fait, il s’agit plus précisément d’une culture imprégnée d’un certain mysticisme qui s’apparente étrangement à celui des bâtisseurs des grandes cathédrales d’Europe ; d’une culture qui s’est formée dans les contraintes épouvantables d’une géographie capricieuse, hostile et, à maints égards, inhumaine ; d’une culture qui s’est définie sur la base d’une histoire à la fois singulière et puissante. »

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Les Bleuets affichent une différence qui les démarque principalement du reste du Québec, comme le Québec affirme constituer une société distincte en Amérique du Nord. Cette prétention s’exerce sans arrogance, mais avec beaucoup d’insistance. Une de ses manifestations réside peut-être dans le fort sentiment autonomiste exprimé de longue date et partout connu. Depuis que le Saguenay–Lac-Saint-Jean a pris conscience de sa spécificité sociologique, politique, administrative ou culturelle, le débat sur cette question ne cesse d’être alimenté par un déluge d’argumentations et de déclarations qui semble sans fin.

Les Bleuets sont-ils vraiment aussi singuliers qu’ils le disent ?

Ils ont leur territoire bien délimité, leur histoire, leurs héros et un sentiment d’appartenance viscéral. La région a même été la première à posséder un drapeau, en 1938, dix ans avant que le Québec n’adopte le sien. Que faut-il d’autre pour avoir sa propre personnalité collective ?

Facteur premier de différenciation, l’isolement est d’abord une conséquence de la situation géographique de la région, comme l’exprime le géographe Gilles Boileau : « Le Saguenay–Lac-Saint-Jean ne ressemble à aucune autre région québécoise. C’est un coin de terre bien individualisé que la géographie a marqué profondément en l’isolant de la vallée du Saint-Laurent et en le coupant du Québec méridional par des reliefs vigoureux et une puissante forêt. »

Quant au caractère des Bleuets, modelé à la mesure du fjord, du lac et de la forêt sans bornes, il est probablement ce que le public retient le plus d’eux et ce qui ressort essentiellement dans les médias lorsque des personnages du Saguenay–Lac-Saint-Jean apparaissent dans des téléromans ou quand des Bleuets accèdent au vedettariat. Cette exubérance sans modestie dont parlait l’auteur Jean O’Neil est des plus typiques. Une légère tendance à l’exagération, non pas pour mentir, mais pour embellir la morne réalité. Un besoin irrésistible de s’afficher publiquement en tant que Bleuet lorsque l’on vit et travaille hors de la région. Une susceptibilité à fleur de peau quand des critiques sur la région sont émises.

Les Bleuets « à l’étranger » se regroupent aussi en association afin de mieux exercer le « blueberry power » en confrérie. Au fond, un mot traduit favorablement toutes ces bribes de personnalité, c’est fierté !

Unanimement, les observateurs s’entendent sur ce dénominateur commun tel que le déclarait l’ancien Premier ministre du Québec : Lucien Bouchard : « Je dirais que les gens de la région sont d’abord très fiers. Ils sont aussi indépendants, ayant appris à ne compter que sur eux-mêmes. »

Un symbole

En plus d’être un symbole identitaire, le bleuet est aussi devenu la marque de prestige de la région, largement utilisée pour sa promotion touristique. En voyant un bleuet, stylisé ou nature, tous savent que l’on parle du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

  1. J’ai quitté la région en 1981 pour Montreal, par la suite, Toronto et maintenant la région de Tampa en Floride Je suis encore un Bleuet et je serai toujours un Bleuet!

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