Les débuts du tourisme au Saguenay-Lac-Saint-Jean (1822-1852)

Le cap Trinité est l’un des attraits majeurs du 19e siècle. Source: coll. de l’auteur

Les premiers touristes du Saguenay

En 1822, un bateau à vapeur nommé Le Montagnais remonte la rivière Saguenay jusqu’à Chicoutimi. À cette époque lointaine de notre histoire, Chicoutimi n’est qu’un poste avancé pour la traite des fourrures dans les postes du roi. Relatant cette remontée, le journal Le Canadien écrit dans son édition du 6 novembre 1822: « À une personne qui n’aurait d’autre objet en vue que son amusement, les bords de cette belle rivière [Saguenay], qui représentent la nature sous ses traits les plus sublimes et les plus romanesques, offrent des scènes charmantes […]. »

Selon les sources disponibles, ce premier balbutiement touristique demeure une initiative isolée. Il faudra attendre jusqu’en 1840, année ou un premier vapeur nommé Unicorn amène plusieurs citoyens de Québec pour faire « un voyage de plaisir sur le Saguenay ». Deux ans plus tard, plus précisément le 31 août, un bateau du nom de North America arrive à Québec d’un voyage au Saguenay. Pour l’occasion, le journal Le Canadien mentionne que la centaine de touristes à bord sont très satisfaits de leur excursion, surtout que celle-ci « a été favorisée par un temps magnifique ».

L’article rapporte également que les « naturels » du pays, c’est-à-dire les Amérindiens du poste de Chicoutimi, ont été « effrayés par l’apparition d’un bateau à vapeur qu’ils appellent une maison flottante en feu ». Ils fuient alors vers la forêt en étant persuadés que le feu est pris sur la rivière Saguenay. Démontrant ainsi la mentalité de l’époque et le contexte improvisé du tourisme québécois au début du 19e siècle.

Les paysages du Québec original

Avec le temps, de plus en plus d’excursionnistes utilise le bateau à vapeur pour apprécier les paysages cyclopéens du fjord du Saguenay. De 1843 à 1852, les principaux navires qui sillonnent annuellement les eaux de la rivière Saguenay — selon les archives entre cinq et neuf fois par année — sont l‘Alliance, le Pocahontas, le Lady Colborne et le Rowland Hill.

Le touriste de l’époque est habituellement un membre de la bourgeoisie bas-canadienne, mais aussi de celle des agglomérations industrielles de Toronto, New York, Boston, Philadelphie, etc. Il recherche des itinéraires empreints de l’idéal romantique des premières décennies du 19e siècle. Amoureux de la « nature », le voyageur de cette période est attiré par le légendaire et le pittoresque, tout en développant un fort intérêt esthétique pour le paysage. Expliquant ainsi le succès touristique du Saguenay-Lac-Saint-Jean dans les années 1840.

Les premières décennies du 19e siècle assistent à la publication des premiers guides touristiques du Canada et des États-Unis. Quand elle est mentionnée, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean fait alors partie d’un vaste ensemble que l’on dénomme Lower St. Lawrence. Il inclus les régions de Charlevoix, du Bas-Saguenay, de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent. En 1848, un guide écrit par Charles Lanman et intitulé A Tour to the River Saguenay présente élogieusement le paysage, la population et le pittoresque du Saguenay et du lac Saint-Jean. Décrivant la rivière Saguenay, il écrit: « It is the largest tributary of the great river, and unquestionably one of the most remarkable on the continent.  »

En 1853, la Compagnie des remorqueurs du Saint-Laurent met sur pied le premier service régulier entre Montréal et Bagotville (La Baie). C’est le bateau à vapeur, nommé judicieusement Saguenay, qui offre cette opportunité deux fois par semaine durant la saison estivale. Maintenant plus accessible, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean entre dans une nouvelle ère touristique.

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