Je pense souvent aux enfants nés près des lieux qui m’ont le plus marquée. La basilique Sainte-Sophie à Istanbul. Les paysages lunaires de la Cappadoce. Le Colisée de Rome. Les Rocheuses canadiennes. La mer d’Andaman. Les plages désertes d’Haïti ou de certains coins de la Petite Côte sénégalaise. Les Gorges de Taroko, à Taïwan. Les boutiques Pierre Hermé à Paris (bon, OK, ça ne va pas tout à fait dans la même catégorie).
Des enfants qui ont fait leurs premiers pas dans des décors de carte postale. Pour qui ces images constituent « l’ordinaire ».
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J’ai grandi à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. À 16 ans, j’ai transporté mes pénates à Jonquière, le temps de compléter mon DEC en Arts et technologie des médias. Pendant les 19 premières années de ma vie, je n’ai pensé qu’à une chose : partir. Je voulais vivre en ville. Vivre la ville. Voir mon pouls s’ajuster au sien. M’imprégner de l’odeur du bitume. Vibrer au rythme de ses nuits. Respirer le même air que cette macédoine de gens de toutes les couleurs. Assister à des tas de spectacles et de films. Me gaver de chocs culturels. Explorer «l’urbanhumanité».
J’ai été et je suis profondément heureuse en ville. Pendant longtemps, j’ai sauté dans un avion dès que j’en avais l’occasion pour découvrir de nouveaux bouts d’ailleurs. Voyager est rapidement devenu ma drogue. Au point d’aller vivre en Asie pendant 18 mois et de faire du voyage le pilier de ma carrière. J’ai posé mon sac dans plus d’une trentaine (quarantaine ?) de pays. J’aime et j’aimerai toujours me nourrir d’exotisme.
Puis, j’ai commencé à me balader un peu plus au Québec. Au début, c’était surtout pour faire plaisir aux producteurs télé ou aux rédacteurs en chef avec lesquels je travaillais. On voulait que je parle de destinations plus accessibles. Je me suis fait prendre au jeu.
La région qui m’a réservé le plus de surprises au cours des dernières années ? Le Saguenay-Lac-Saint-Jean. J’ai rapidement réalisé que je ne savais rien de mon coin de pays natal. Bien sûr, j’ai visité le Zoo sauvage de Saint-Félicien des dizaines de fois, et bien avant qu’il ne prenne ce nom. Mais c’était à peu près tout.
Je n’avais jamais vu le fjord (j’ai bien dû mettre 20 minutes à « raccrocher » ma mâchoire, la première fois). Je n’avais jamais pris la peine de regarder le lac Saint-Jean sous tous ses angles, ni de lézarder sur d’autres plages que celles du Lac-à-Jim, de St-Prime et de St-Méthode. Je n’avais jamais mis les pieds à Saint-Gédéon et j’avais traversé Péribonka seulement deux ou trois fois, en voiture. J’avais un vague souvenir de Vauvert, mais sans plus. À force de regarder le monde à travers une longue-vue, j’avais oublié ce qu’il y avait là, tout près.
Comme ce fut le cas aux quatre coins de la planète, mon boulot m’a amenée à m’attarder à des détails qui m’avaient jusque là échappé.
Aux découvertes des dernières années, se sont ajoutées une foule d’autres trouvailles la semaine dernière. À l’invitation de Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean, j’ai participé à un blog trip «dont vous êtes le héros». Chaque matin, on nous remettait une mission à accomplir, à laquelle des contraintes envoyées par texto s’ajoutaient au fil de la journée. J’ai ainsi visité le musée Louis-Hémon, l’Économusée de la taxidermie et le Musée du Fjord, fait connaissance avec les sœurs des vinaigrettes Épicéa, testé le stand up paddle board et passé un après-midi avec Pascale Ledoux de la Coopérative O’Soleil, à Saint-Gédéon. Pascale m’a servie de guide dans son village d’adoption. Originaire de Montréal, elle est venue rejoindre «son» Bleuet il y a trois ans. Saint-Gédéon m’a impressionnée par son dynamisme et son envie de crier «Hey ! Par ici! Il se passe quelque chose !»
Oui, de bien belles découvertes.
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Je pense souvent aux enfants nés tout près des décors de cartes postales.
Parce que parfois, on a besoin de partir pour recommencer à voir.
Mes coups de cœur du #BlogTripSagLac, en vrac :
• La recherche d’organismes qui peuplent les berges de la Baie de Ha ! Ha ! en compagnie d’un guide au Musée du Fjord-du-Saguenay (génial avec des enfants !).
• Boutique Twist, sur la rue Racine, à Chicoutimi (une boutique aussi à Arvida), et les créations de la propriétaire, Marie-Hélène Haché.
• O’gelato & cacao, à La Baie.
• Le café-bistro de la Coopérative O’Soleil, qui met en valeur les produits régionaux et propose une foule d’activités, dont le stand up paddle board.
• La petite baie de Pointe Picard, accessible à partir de la Coopérative O’Soleil (en stand-up paddle ou en kayak), et son magnifique bout de plage. On y donne entre autres des cours de pilates sur SUP.
• Saint-Gédéon – À Contre Vent, la Microbrasserie du Lac-Saint-Jean et le bar St-Géd – j’aurais aimé testé Tacos Y Salsa, mais la file m’a découragée.
• L’enquête pour enfants au Musée Louis-Hémon, à Péribonka.
• Les vinaigrettes d’Épicéa, les sœurs qui travaillent à leur fabrication et leur mission – aider les gens atteints de maladies mentales.
• Fascinante visite de l’Économusée de la taxidermie (ainsi que la boutique Bilodeau), à Normandin, qui naturalise des animaux et fabrique des vêtements en fourrure, mais aussi des costumes pour la télé et le cinéma.
• Le Zoo sauvage de Saint-Félicien. Je ne m’en lasserai jamais !
• Le petit déjeuner de la Maison du Matelot, à Alma, qu’une cuisinière prépare pour nous au petit matin.
• Les chalets du Camping Vauvert-sur-le-lac.
Coups de gueule
• De grâce, rénovez L’Auberge des îles! Comment peut-on laisser décrépir un lieu d’hébergement dans un site aussi magnifique ? Ce n’est pas tout d’avoir une belle vue. (Ça vaut aussi pour le restaurant, dont le menu aurait besoin d’un coup de pep autant que l’endroit.)
• Beaucoup trop de frites et de fast-food dans la majorité des restos, et pas encore assez de produits régionaux ! Difficile aussi de trouver un bon café lattè autour du lac (accro du café, retenez ce nom: Banville, à Saint-Félicien!).
• Prix citron aux moustiques. Maintenant que vous êtes prévenus, faites des provisions de Watkins ! 😉
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